Un rapport souligne la difficulté des néobanques à gagner de l’argent en dépit des millions investis par les fonds d’investissement.
Les néobanques sont nombreuses à mettre en avant leur passage d’un bilan déficitaire à un bilan bénéficiaire, souvent mentionné par l’expression “être dans le vert”. Pourtant, très peu atteignent réellement la rentabilité. Beaucoup utilisent des méthodes de calcul ou des raccourcis parfois trop faciles pour en arriver à leurs conclusions.
Ces paillettes, pour donner confiance aux clients et aux investisseurs, ne dureront qu’un temps. Le modèle ne semble pas profitable malgré les millions de dollars injectés par les fonds d’investissements américains, européens et asiatiques. La tendance est à la consolidation : certaines néobanques se font racheter quand d’autres mettent la clé sous la porte.
95% des néobanques en danger
Ce constat est celui d’un nouveau rapport publié par Simon-Kucher & Partners, un cabinet de conseil spécialisé en stratégie de Croissance. Nous pouvons y lire que sur les plus de 400 néobanques en activité début 2022, seulement 5 % avaient atteint le seuil de rentabilité. Autrement dit, 95 % des néobanques dans le monde, servant plus d’un milliard d’individus, n’arrivent pas à gagner suffisamment d’argent pour couvrir leurs dépenses et leurs investissements.
Les analystes parlaient alors de succès “superficiel”, et prédisaient que beaucoup de ces jeunes startups ne survivraient pas sous la conjoncture économique actuelle. En mai, les levées de fonds de plus de 100 millions d’euros sont en baisse selon les chiffres de Crunchbase, après deux années à des niveaux records dans l’histoire du capital-risque.
Pour les clients, cela n’est pas bon signe.
Des récits de néobanques en déficit et fermées depuis existent et montrent comment une telle situation peut virer au cauchemar. On pense à Swoon, en France, qui a laissé des centaines de clients dans le silence pendant près d’un an, sans possibilité pour eux de récupérer leurs fonds. On pense aussi au scandale Wirecard, qui a contraint des néobanques comme Boon à fermer ses portes.
Chez les néobanques les plus populaires, comme N26 et Revolut, on distingue bien dans leur stratégie l’importance de devenir rentable. Déploiement international, nouveaux services de réservation d’avion, d’hôtel, achat d’action ou de cryptomonnaies… les sociétés multiplient les projets pour tenter de passer dans le vert.
D’une manière moins honnête, certains autres préfèrent opter pour des techniques insolentes pour faire gonfler leurs chiffres. Bunq, la néobanque néerlandaise, rachetait en début de mois l’application Tricount pour passer de 1.1 million à plus de 5.4 millions de clients.
Sauf que Bunq omet de dire que ses clients n’ont rien à voir avec les utilisateurs gratuits de Tricount, qui ne cherchent pas forcément à ouvrir un nouveau compte en banque.
Orange Bank, dans un tout autre style, avait fait fort en octobre 2020, cinq mois avant d’annoncer de grosses difficultés financières.
À ce moment, on découvrait dans les comptes de la filiale bancaire une anomalie dans le nombre de clients. Passé de 500,000 à 1,1 million, la banque avait compté 600,000 clients abonnés à un contrat d’assurance pour smartphone dans son volume de client à Orange Bank !
Vers quelles banques se tourner ?
Banques en ligne ou néobanques, les établissements bancals sont nombreux et on ne fait plus beaucoup de distinctions entre les deux étiquettes, depuis que des néobanques ont obtenu leur propre licence bancaire comme c’est le cas de Revolut.
Néanmoins, pour pouvoir avoir confiance dans sa banque, mieux vaut-il encore faire le pari d’établissement relié à des groupes traditionnels. Le trimestre dernier, malgré la guerre en Ukraine, les groupes BNP Paribas (compte Nickel, Hello bank!) et Société Générale (Boursorama Banque, Shine) dévoilaient des bilans très prometteurs.
Parmi les banques mobiles mentionnées, Boursorama Banque fait toujours office de modèle. À la première marche du podium en France, avec plus de 3,7 millions de clients (au 31 mars), elle est la plus solide et aussi la plus intéressante de toutes grâce à son offre ultra-complète et la moins chère (la plupart des formules de Boursorama sont gratuites).
En termes de rentabilité, Boursorama l’a consciencieusement quitté en 2016 pour opérer des investissements de taille. Mais son déficit ne s’expliquait que par ces montants colossaux pour proposer de nouvelles cartes, des primes de bienvenue et tout un tas de services additionnels plus modernes.
Maintenant, la banque s’attend à retrouver la rentabilité dans un ou deux ans. Avec plus de 4.5 millions de clients à ce moment, elle aura totalement éteint la concurrence.