Le déficit public, indicateur clé de la santé budgétaire de la France, continue de s’aggraver, pesant lourdement sur l’économie nationale. Avec un déficit qui a atteint 169,6 milliards d’euros en 2024, soit 5,8 % du PIB, la France fait face à des défis importants pour maîtriser ses finances publiques, réduire sa dette croissante et respecter ses engagements européens.
Qu’est-ce que le déficit public ?
Le déficit public correspond au solde négatif des comptes des administrations publiques, qui regroupent l’État, les collectivités locales et la Sécurité sociale. Il survient lorsque les dépenses publiques excèdent les recettes. À l’inverse, un excédent indique que les recettes ont été supérieures aux dépenses. Cette notion englobe plus largement les finances publiques que le déficit budgétaire, qui ne concerne que le budget de l’État.
En 2024, le déficit s’est réparti ainsi : 154,1 milliards d’euros pour l’administration centrale, 16,7 milliards pour les collectivités locales, partiellement compensés par un excédent de 1,3 milliard pour la Sécurité sociale.
Les causes de la dégradation du déficit
Plusieurs facteurs expliquent cette aggravation du déficit. La Cour des comptes souligne une dynamique de dépense publique toujours élevée, malgré la levée progressive des mesures exceptionnelles mises en place durant la crise sanitaire et face à l’inflation.
Par ailleurs, le ralentissement économique impacte négativement les recettes fiscales : une moindre consommation entraîne une baisse des recettes de TVA, tandis qu’une croissance faible réduit les rentrées liées à l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur le revenu.
Conséquences sur les finances publiques
Un déficit trop important alimente mécaniquement la dette publique, qui a atteint un niveau record de 3 345,8 milliards d’euros au premier trimestre 2025, soit 114 % du PIB. Le service de cette dette devient un poste budgétaire majeur : près de 55 milliards d’euros sont chaque année consacrés au paiement des intérêts.
Ce déséquilibre chronique, rarement inférieur à 3 % depuis 1974, inquiète les marchés financiers. Il peut entraîner une hausse des taux d’emprunt, ce qui renchérit encore le coût de la dette. Pour y faire face, le gouvernement est contraint d’envisager soit une augmentation des recettes via une réforme fiscale, soit une réduction des dépenses publiques, ce qui pourrait impacter la qualité des services publics.
Pression européenne et calendrier repoussé
Conformément aux règles européennes issues du traité de Maastricht, le déficit public ne doit pas dépasser 3 % du PIB. Dépassant largement ce seuil, la France doit soumettre à Bruxelles un plan de réduction du déficit.
Le calendrier pour atteindre cet objectif a été repoussé, passant de 2027 à 2029, soulignant la difficulté à redresser la situation rapidement.
2025, une année cruciale pour l’ajustement
La Cour des comptes alerte sur l’importance de l’année 2025. Après deux tentatives infructueuses en 2023 et 2024, tout retard supplémentaire dans le redressement budgétaire rendra les ajustements futurs plus contraignants. Le gouvernement devra conjuguer rigueur budgétaire et soutien à la croissance pour éviter une détérioration supplémentaire des finances publiques.
Déficit, dette, budget : comprendre les différences
Il est essentiel de ne pas confondre déficit public, déficit budgétaire et dette publique. Le déficit public englobe l’ensemble des administrations publiques. Le déficit budgétaire concerne uniquement le budget annuel voté par le Parlement.
La dette publique représente, quant à elle, l’accumulation historique de tous les déficits passés. Cette dette est régulièrement refinancée sur les marchés, mais son poids croissant complique son remboursement.
Un tournant pour les finances françaises
La France est à un moment clé. Sans une reprise en main rapide et efficace, le financement de ses politiques publiques risque de devenir encore plus coûteux. Cela pourrait restreindre les marges de manœuvre pour l’avenir et peser sur la stabilité économique du pays.