Jusqu’à -56% de taux négatif, le Livret A est loin de protéger de l’Inflation !

Livret A

Souvent support préféré des français en termes d’Épargne, le Livret A garantit la rémunération des fonds mis en épargne. Qu’en est-il en temps d’Inflation ? Permet-il d’assurer la préservation du Capital ?

Le taux du Livret A passe à 2 % au 1er août 2022.

Dans l’esprit des Français, le Livret A a vocation de protéger leur épargne contre la hausse des prix, et donc à afficher un taux supérieur à celui de l’Inflation.

En remontant dans le temps, l’on constate pourtant que c’est loin d’avoir toujours été le cas.

Le 14/07/2022, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, a annoncé un doublement du taux du Livret A au 1er août 2022.

À 2%, la rémunération du produit d’épargne préféré des Français atteint un niveau inédit depuis 10 ans.

Pourtant, et c’est un discours que l’on entend beaucoup, le Livret A, « ce n’est plus ce que c’était ! »

De fait, depuis le début de l’année 2017, le taux réel du livret d’épargne réglementé – c’est-à-dire corrigé de la hausse des prix à la consommation – a été presque systématiquement négatif.

En clair, le Livret A ne protège plus totalement le pouvoir d’achat des épargnants.

Cette situation est la conséquence, d’abord, d’un gel du taux à 0.75 % décidé en 2017 par le Gouvernement de l’époque, puis de la suppression, en 2020, d’une règle qui empêchait le taux du Livret A de descendre sous l’indice des prix à la onsommation.

Forcément, ce n’est pas une bonne nouvelle pour les 56 millions de Français qui l’utilisent pour mettre de l’argent de côté en cas de coup dur. Pourtant, si l’on regarde sur le temps long — le Livret A, dans son principe, a été inventé il y a plus de 200 ans — il n’a pas toujours été, un rempart contre la hausse des prix – loin de là.

Rendement réel du livret A : des pertes beaucoup plus lourdes que les gains

Deux constats sautent aux yeux.

Le premier : les années où le rendement réel a été positif sont minoritaires. 58 années, seulement, sur 121. Le Livret A a ainsi été protecteur jusqu’au déclenchement de la Première Guerre mondiale, puis après la crise de 1929, en période de déflation, et enfin entre 1985 et 2016, une trentaine d’années marquée par une faible Inflation, après les pics liés aux chocs pétroliers.

Quid du reste du temps ? Un rendement négatif, souvent très largement.

C’est le second constat : en période de rendement négatif (en rouge sur le graphique), les pertes de pouvoir d’achat ont été beaucoup plus fortes que les gains enregistrés en périodes de rendement positif (en vert) : -11.28 % en moyenne, contre +2.85 %.

Ces périodes de forte perte de pouvoir d’achat sont intimement liées aux soubresauts de l’histoire ; les pires années ont ainsi eu lieu dans l’après Seconde guerre mondiale.

En 1948, malgré un taux du Livret A à 2,50 %, le rendement négatif atteint -56.21 %, en raison d’une Inflation de près de 59 %. Même lorsque le taux du Livret A a atteint son pic historique, avec un taux de 8.50 % en 1982, cela n’a pas suffi à neutraliser la hausse de prix, qui atteignait 11.57 % cette année-là.

À l’inverse, c’est en 1921 que le rendement réel du Livret A a atteint un plus haut historique : +17.05 %, avec un taux de 3.75 % dans un contexte de baisse des prix à la Consommation : – 13.30 %.

Précision : Les informations contenues dans cet article n’engagent que le rédacteur et ne sauraient se substituer à un conseil financier spécifique. Elles ne sont valables qu’à la date de leur rédaction uniquement.

Jeremy ESSERYK
Conseiller en Investissements Financiers
Courtier en assurances et en prêts bancaires en Europe
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