La Bourse de Paris entame la séance en hausse malgré un climat géopolitique incertain. Tandis que le CAC 40 gagne du terrain, les investisseurs restent prudents face à l’entrée en vigueur imminente de nouveaux droits de douane imposés par les États-Unis à leurs principaux partenaires commerciaux, dont l’Union européenne, le Japon et la Corée du Sud. Une tension palpable sur fond de guerre commerciale mondiale et de craintes de stagflation aux États-Unis.
Un rebond timide dans un contexte incertain
La Bourse de Paris a démarré la séance de ce mercredi 6 août 2025 sur une note positive, portée par un regain d’optimisme mesuré. Vers 9h40 (heure locale), l’indice CAC 40 progressait de 0,45 %, à 7 655,14 points, gagnant ainsi 32,37 points par rapport à la clôture de la veille. Pour rappel, mardi, l’indice avait terminé en léger repli de 0,14 %, à 7 621,04 points, dans un marché marqué par l’attentisme.
Cette reprise s’opère en l’absence de publications macroéconomiques majeures ce jour en Europe, mais dans un climat tendu, dominé par la perspective d’une escalade commerciale entre les États-Unis et plusieurs de leurs alliés stratégiques.
Des droits de douane américains massifs sur le point d’entrer en vigueur
Dès ce jeudi 7 août, une vague de droits de douane américains entrera en vigueur, affectant une large gamme de produits importés depuis l’Union européenne, le Japon, la Corée du Sud, mais aussi d’autres économies émergentes.
Le détail des mesures est révélateur de l’agressivité de l’administration américaine :
- 15 % de taxes supplémentaires sur les importations en provenance de l’UE, du Japon et de la Corée du Sud ;
- 10 % pour les exportations britanniques ;
- 19 % pour les produits indonésiens ;
- 20 % pour le Vietnam et Taïwan ;
- Et un sévère 50 % de droits de douane appliqués dès aujourd’hui aux importations brésiliennes.
Mardi, le président Donald Trump a également ciblé l’Inde, lui reprochant de poursuivre ses achats de pétrole russe. Il a menacé d’étendre ses mesures punitives au secteur pharmaceutique indien, signalant que d’autres annonces pourraient suivre dans les jours à venir.
Inquiétudes croissantes autour de la santé économique des États-Unis
Parallèlement à cette montée des tensions commerciales, les marchés s’inquiètent de la trajectoire de l’économie américaine. Un scénario de stagflation — où une inflation persistante coexiste avec une croissance ralentie — commence à gagner en crédibilité auprès des analystes.
L’enquête mensuelle ISM publiée mardi a confirmé un ralentissement marqué de l’activité dans le secteur des services, frôlant le seuil de contraction. Ce signal négatif s’ajoute à des données sur l’emploi décevantes, alimentant les spéculations sur une perte de vitesse de la première économie mondiale.
« Les investisseurs commencent à se demander si nous ne sommes pas aux prémices d’une phase de décroissance aux États-Unis », explique un analyste. « Le sentiment de marché reflète un possible ralentissement, même si cela n’est pas encore confirmé par les résultats d’entreprises. »
Des résultats d’entreprises toujours robustes
Du côté des entreprises, les signaux sont toutefois plus rassurants. En Europe, 74 % des sociétés de l’indice STOXX 600 ont déjà publié leurs résultats du deuxième trimestre. Et ces chiffres sont supérieurs de 8 % aux prévisions des analystes, démontrant une résilience notable dans un contexte pourtant défavorable.
Ce mercredi, plusieurs entreprises européennes doivent encore publier leurs comptes, mais aucun poids lourd du CAC 40 ne figure à l’agenda. Aux États-Unis, les regards se tournent vers les résultats très attendus de McDonald’s, Walt Disney et Uber, susceptibles d’influencer la tendance de la séance.
Marché obligataire : tensions discrètes mais réelles
Sur le marché de la dette, les tensions restent mesurées mais palpables. Le rendement de l’OAT française à 10 ans s’établissait à 3,30 %, en légère hausse par rapport aux 3,29 % enregistrés mardi soir. Une variation minime, mais qui traduit la nervosité ambiante.
À noter dans le secteur corporate : la société d’investissement Wendel a réussi mardi une émission obligataire de 500 millions d’euros, avec une échéance à 8 ans et un coupon de 3,75 %. Cette opération prouve que les grandes entreprises peuvent encore se financer à des conditions attractives, malgré un environnement de taux élevé.
Des marchés sous haute surveillance
À la veille de l’application des nouveaux tarifs douaniers américains, la prudence reste le mot d’ordre. Les investisseurs pourraient être confrontés à une volatilité accrue dans les prochains jours, au gré des décisions de Washington et des ripostes des pays visés.
Si les résultats d’entreprises continuent de surprendre positivement, ils pourraient jouer un rôle de filet de sécurité pour les marchés. Toutefois, la menace d’un ralentissement économique mondial et l’escalade des tensions commerciales obligent les opérateurs à rester extrêmement vigilants.


