Alors que François Bayrou convoque un vote de confiance autour de son budget 2026, la tension monte à la fois dans l’hémicycle et sur les marchés. Dette publique, CAC 40 en recul, taux obligataires en hausse : la stabilité économique et politique de la France est plus que jamais mise à l’épreuve.
Une manœuvre à haut risque : Bayrou joue gros sur le budget 2026
Paris, 29 août 2025 – C’est un pari politique aussi audacieux que périlleux que François Bayrou s’apprête à jouer. Le Premier ministre a annoncé, à la surprise générale, la tenue d’un vote de confiance le 8 septembre prochain sur son projet de budget 2026. Un texte qui prévoit 44 milliards d’euros d’économies pour tenter de juguler une dette publique qui dépasse désormais 114 % du PIB.
Au cœur de ce budget : des mesures impopulaires telles que la suppression de jours fériés, le gel des prestations sociales et des réformes structurelles qui suscitent la colère aussi bien dans la rue qu’au sein de l’Assemblée. À droite comme à gauche, l’opposition fustige une politique d’austérité jugée brutale, et certains élus de la majorité expriment déjà des doutes.
Bayrou espère, à travers ce vote, obtenir une légitimation démocratique de sa feuille de route économique. Mais pour l’heure, l’effet semble inverse : les tensions politiques se multiplient, les appels à une dissolution de l’Assemblée nationale se font entendre, et l’incertitude gagne du terrain.
Les marchés financiers dans le doute : CAC 40 en baisse, tensions sur la dette
Les répercussions ne se sont pas fait attendre sur les marchés. À la Bourse de Paris, le CAC 40 a enregistré plusieurs séances de repli consécutif, oscillant entre –1,5 % et –2 %, notamment dans les secteurs les plus sensibles aux tensions macroéconomiques : banques, immobilier, communication, automobile.
Du côté des obligations, la tension est palpable. Le taux des obligations assimilables du Trésor (OAT) à 10 ans a bondi au-dessus des 3,5 %, un niveau inédit depuis 2011. Ce seuil rapproche désormais la France de pays traditionnellement jugés plus vulnérables comme l’Italie ou la Grèce, en matière de coût de financement.
Les analystes de la banque Citi tirent la sonnette d’alarme : selon eux, le marché actions français ne reflète pas encore l’ampleur des risques politiques, pourtant déjà bien intégrés par le marché obligataire. Une perte de confiance accrue pourrait entraîner une chute supplémentaire du CAC 40, de l’ordre de 10 %, si le gouvernement échoue à se maintenir.
Le gouvernement rassure, mais l’opinion reste sceptique
Pour tenter d’éteindre l’incendie, le ministre des Finances, Éric Lombard, multiplie les déclarations rassurantes. Il affirme que la France n’a pas besoin de l’aide du FMI et que les objectifs budgétaires sont tenables, avec un déficit public ciblé à 5,4 % du PIB pour l’année 2025.
L’INSEE, de son côté, apporte une note d’optimisme avec une croissance positive de 0,3 % au deuxième trimestre, tirée notamment par la vigueur des exportations pharmaceutiques. Les projections pour le reste de l’année restent modestes, à +0,2 % par trimestre, mais montrent une certaine résilience de l’économie française.
Ces signaux positifs peinent toutefois à rassurer durablement les observateurs, tant l’incertitude politique pourrait balayer ces frêles avancées. Car derrière les chiffres, c’est bien la question de la confiance institutionnelle qui demeure.
Quel avenir après le vote du 8 septembre ?
Tout repose désormais sur l’issue du vote de confiance. Si Bayrou l’emporte, il pourrait bénéficier d’un court répit politique et reconsolider la crédibilité de sa stratégie budgétaire auprès des marchés.
Mais rien ne garantit que cette stabilité soit durable, surtout si la grogne sociale s’intensifie ou si des désaccords parlementaires surgissent en cours de route.
En revanche, si Bayrou échoue, plusieurs scénarios s’ouvrent : dissolution de l’Assemblée nationale, changement de gouvernement, voire élections législatives anticipées. Dans un contexte de fragmentation politique extrême, aucune majorité claire ne semble se dégager à ce stade, alimentant les craintes d’une impasse institutionnelle prolongée.
L’Économie au bord du gouffre politique ?
Ce vote du 8 septembre s’annonce comme un tournant majeur pour la France, autant sur le plan économique que politique. Les marchés restent nerveux, les taux s’envolent, et le CAC 40 montre des signes de vulnérabilité inquiétants.
La France dispose encore d’atouts structurels pour éviter une crise financière majeure : une base industrielle solide, des exportations dynamiques, et une croissance certes faible mais positive. Mais ces fondations risquent de ne pas suffire en cas de choc politique prolongé.
Bayrou joue gros. La France, elle, joue sa stabilité.


