L’or, métal précieux et valeur refuge par excellence, suscite un intérêt renouvelé dans un contexte mondial marqué par l’inflation, la volatilité des marchés, les tensions géopolitiques et la faiblesse relative du dollar. Alors que le prix du métal jaune grimpe spectaculairement depuis le début de l’année, les analystes débattent de la possibilité d’un franchissement inédit du seuil symbolique des 4 000 dollars l’once en 2025. Cet article explore les facteurs à l’œuvre, les prévisions des grandes institutions financières ainsi que les scénarios contrastés envisageables.
Une montée en puissance portée par les incertitudes mondiales
Depuis plusieurs mois, le cours de l’or connaît une trajectoire ascendante remarquable. Coté aux alentours de 3 340 dollars l’once sur le marché spot, il a enregistré une progression d’environ 27 % depuis janvier, ce qui ravive les espoirs d’une nouvelle phase haussière.
Cette tendance s’inscrit dans un contexte d’incertitudes multiples : tensions géopolitiques persistantes, inflation toujours présente, volatilité accrue des marchés financiers.
Ces facteurs poussent les investisseurs à privilégier les actifs perçus comme sûrs, l’or occupant traditionnellement cette place de valeur refuge.
Par ailleurs, la faiblesse relative du dollar américain, monnaie de référence pour le métal jaune, joue un rôle amplificateur. Chaque signe annonçant un éventuel assouplissement monétaire de la part de la Réserve fédérale américaine (Fed) stimule la demande en or.
Selon un analyste basé à Londres, « l’or bénéficie d’un double effet : la recherche de sécurité dans un contexte incertain, conjuguée à l’anticipation d’une politique monétaire plus accommodante ».
De plus, les banques centrales du monde entier intensifient leur accumulation d’or. Depuis deux ans, elles renforcent leurs réserves à un rythme sans précédent, dans une logique de diversification de leurs avoirs et de moindre dépendance au dollar, face aux risques géopolitiques et économiques.
Des prévisions financières contrastées mais globalement prudentes
Malgré l’engouement, les prévisions des grandes institutions financières restent mesurées. Le consensus s’oriente vers une progression modérée du cours de l’or à court terme :
- Goldman Sachs table sur un cours d’environ 3 700 dollars à la fin de l’année ;
- Morgan Stanley prévoit une hausse allant jusqu’à 3 800 dollars ;
- UBS adopte une estimation plus conservatrice, proche de 3 500 dollars ;
- En Inde, Ventura Securities anticipe un record autour de 3 600 dollars avant décembre.
Ces estimations traduisent une prudence justifiée, le franchissement du seuil de 4 000 dollars étant considéré comme plus probable en 2026, sous réserve du maintien des tendances actuelles.
L’optimisme des « bulls » et les scénarios haussiers
À l’opposé, certains acteurs plus audacieux, notamment chez Fidelity, envisagent un franchissement du seuil symbolique de 4 000 dollars dès la fin 2025.
Ce scénario est particulièrement plausible si la Fed venait à adopter une politique de baisse rapide des taux d’intérêt. Jeff Gundlach, gestionnaire renommé surnommé le « Bond King », anticipe lui-même une progression de près de 20 %, ce qui propulserait l’or au-delà de cette barre psychologique.
Par ailleurs, la société de gestion State Street Global Advisors (SSGA) évoque une fourchette potentielle entre 4 000 et 5 000 dollars dans les 12 à 24 mois à venir, renforçant l’idée d’un cycle haussier prolongé.
Conditions indispensables à une envolée vers 4 000 dollars
Pour que l’or atteigne 4 000 dollars dès cette année, plusieurs conditions clés devraient être réunies :
- Une accélération notable de l’inflation au niveau mondial ;
- Un affaiblissement marqué du dollar lié à des baisses substantielles des taux d’intérêt ;
- Une intensification des tensions géopolitiques, notamment au Moyen-Orient, en Asie, ou liée à la crise énergétique ;
- Un afflux massif de capitaux dans les fonds indiciels spécialisés sur l’or (ETF aurifères).
Un économiste basé à New York souligne néanmoins : « L’or est déjà engagé dans un cycle haussier historique, mais franchir les 4 000 dollars en 2025 nécessiterait un choc additionnel majeur ».
Les risques d’un retournement et les voix de la modération
À l’inverse, certains analystes mettent en garde contre un possible retournement du marché. Le World Gold Council envisage qu’en cas de confirmation d’une désinflation et d’une détente des tensions géopolitiques, le cours de l’or pourrait se stabiliser ou même reculer vers une fourchette comprise entre 2 800 et 3 000 dollars.
La banque Citi partage ce point de vue, alertant sur le risque d’une bulle spéculative alimentée par l’engouement croissant des investisseurs particuliers. Cette volatilité potentielle rappelle que le métal jaune, bien que refuge, n’est jamais totalement à l’abri des corrections brutales.
2025 : une année charnière pour l’or
Au final, faut-il croire au franchissement des 4 000 dollars dès cette année ? La majorité des experts penche pour une consolidation du prix entre 3 600 et 3 800 dollars d’ici la fin 2025.
Le seuil psychologique pourrait être atteint à moyen terme, en 2026, sous réserve d’une évolution favorable des grands équilibres économiques et géopolitiques.
En attendant, l’or confirme sa place de valeur refuge incontournable, attirant un nombre croissant d’investisseurs en quête de sécurité dans un environnement mondial incertain. Ce métal millénaire, riche de son histoire, semble loin d’avoir livré tous ses secrets.


