Jeudi 14 août 2025, la Bourse de Paris progresse légèrement alors que les marchés attendent avec attention les nouvelles orientations de la Réserve fédérale américaine. L’indice des prix à la production (PPI) aux États-Unis, publié en début d’après-midi, a révélé une inflation bien plus forte que prévu. Cette poussée des prix, alimentée notamment par les droits de douane, modifie profondément les anticipations de politique monétaire, impactant les marchés mondiaux, dont le CAC 40.
Une ouverture modérément positive à Paris
Ce jeudi matin, la Bourse de Paris affichait une légère hausse. Le CAC 40 progressait de 0,35 % aux alentours de 9h50 (heure de Paris), atteignant 7 831,93 points, soit un gain de 26,53 points par rapport à la veille, où l’indice avait déjà avancé de 0,66 %.
Cette dynamique modérément optimiste s’appuyait principalement sur l’attente de la publication des chiffres de l’inflation aux États-Unis, et plus précisément de l’indice des prix à la production (PPI), un indicateur suivi de près pour anticiper les prochaines décisions de la Fed.
Un PPI américain en forte hausse
La publication tant attendue est tombée à 14h30, heure de Paris. En juillet, le PPI a bondi de 0,9 % sur un mois, marquant sa plus forte progression depuis la période tendue de mars à juin 2022. Cette inflation de gros touche à la fois les biens (+0,7 %) et les services (+1,1 %), signalant une pression généralisée sur les prix.
Sur un an, le PPI atteint +3,3 %, tandis que le PPI de base (hors alimentation et énergie) grimpe à +3,7 %, son plus haut niveau en trois ans. Cette accélération est en grande partie liée aux droits de douane américains, dont les effets inflationnistes commencent à se faire sentir dans les prix finaux.
Les entreprises, jusqu’ici capables d’absorber ces coûts, semblent désormais les répercuter de plus en plus sur les consommateurs.
Une Fed sous pression : changement de ton à prévoir
Ces chiffres, bien supérieurs aux attentes (le consensus prévoyait seulement +0,2 %), modifient radicalement les anticipations de marché. Jusqu’alors, l’orientation générale était à l’optimisme, notamment en raison d’un indice des prix à la consommation (CPI) modéré à +2,7 % en glissement annuel, ainsi que des déclarations plutôt calmes émanant de responsables de la Réserve fédérale.
Mais cette poussée brutale du PPI change la donne. Le scénario d’une baisse de taux de 25 points de base reste sur la table, mais la probabilité d’une réduction plus importante, de 50 points, semble désormais totalement écartée.
La Fed est désormais attendue sur une position bien plus prudente et possiblement attentiste pour les mois à venir.
Réactions en chaîne sur les marchés
Face à cette incertitude renouvelée, les marchés ont immédiatement ajusté leurs attentes. Les anticipations d’un assouplissement monétaire rapide ont reculé, laissant place à l’idée d’une Fed plus vigilante, voire prête à temporiser pour mieux évaluer l’évolution des pressions inflationnistes.
Aux États-Unis, cette révision s’est traduite par un repli des indices à l’ouverture : le S&P 500 et le Nasdaq ont cédé du terrain, effaçant en partie leurs récents records. Les contrats à terme du Dow Jones ont également marqué une pause.
Pourtant, malgré la nervosité ambiante, le S&P 500 est parvenu en clôture à frôler de nouveaux sommets, preuve d’une résilience persistante du marché américain.
En Europe, la tendance reste globalement positive, mais teintée de prudence. Les investisseurs attendent désormais des signaux clairs sur l’orientation de la politique monétaire américaine avant de prendre de nouveaux engagements.
Inflation tarifaire : un risque macroéconomique grandissant
L’analyse macroéconomique met en lumière un glissement structurel préoccupant. Là où les entreprises parvenaient auparavant à absorber les surcoûts liés aux droits de douane, elles atteignent désormais un point de rupture.
Les hausses de prix sont de plus en plus transférées au consommateur final, accentuant les tensions inflationnistes.
Cette dynamique est particulièrement visible dans le secteur des services, où les marges commerciales ont fortement augmenté. Les domaines touchés incluent la distribution, les services financiers, l’hôtellerie, et bien d’autres.
Ce phénomène laisse craindre une inflation plus tenace que prévu, susceptible d’entraver la reprise économique.
Quelles conséquences pour la Bourse de Paris ?
Bien que le CAC 40 ait ouvert en légère hausse, sa trajectoire future dépendra étroitement des décisions de la Fed. Un durcissement de ton de l’institution américaine ou un report des baisses de taux pourraient peser sur l’élan haussier du marché parisien.
En parallèle, le rendement de l’OAT 10 ans français, déjà élevé à 3,31 %, pourrait encore augmenter si les anticipations d’inflation continuent de grimper. Dans ce contexte, les investisseurs pourraient chercher à se repositionner vers des actifs plus défensifs ou sur des valeurs exportatrices bénéficiant d’un dollar fort.
Une visibilité réduite pour les mois à venir
La forte progression de l’indice des prix à la production américain remet en question l’optimisme d’un assouplissement monétaire imminent de la Fed. Si la Bourse de Paris tient bon pour l’instant, l’environnement macroéconomique reste fragile et volatile.
L’inflation tarifaire, désormais tangible, complique les perspectives pour les banques centrales, les marchés financiers et les entreprises. Les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si cette poussée inflationniste reste contenue ou s’installe durablement dans le paysage économique mondial.