Le Contexte inflationniste peut-il avoir un impact sur les dividendes ?

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2022 a marqué le grand retour de l’inflation. Cette dernière accrue compliquera l’identification des sociétés dont les dividendes s’accroissent de façon durable. Il va s’avérer essentiel de mettre l’accent sur la résilience des marges de trésorerie disponible.

La croissance attrayante des dividendes en 2022 devrait être suivie d’une année 2023 de bon aloi, mais plus calme, de nombreux secteurs cycliques ayant dépassé leur pic en termes de bénéfices.

La grande interrogation porte sur l’impact d’un environnement inflationniste plus soutenu sur les dividendes à moyen terme.

Bien que 2022 a marqué le grand retour de l’inflation, aucun changement à signaler en revanche au niveau de la politique des entreprises en matière de dividendes, ce qui est compréhensible du fait de la nature à long terme de ces derniers.

Nous sommes à l’aube d’une période prolongée d’inflation accrue, du fait de la démondialisation, de la transition énergétique et d’une démographie défavorable en raison de l’augmentation du ratio de dépendance. Dans ce contexte, de nombreuses entreprises vont devoir revoir leurs attentes en matière de rendement du capital.

La capacité à afficher des marges de trésorerie disponibles résilientes paraît désormais essentielle dans l’identification des sociétés dont les dividendes s’accroissent de manière durable.

Par conséquent, il est important de sélectionner des entreprises en portefeuille disposant d’un pouvoir de fixation des prix et d’une bonne maîtrise de la structure des coûts et des investissements en capital, combinés à un niveau d’endettement raisonnable. Cette discipline est plus importante que jamais car offrir des dividendes durables est plus prisé dans un environnement inflationniste.

Il faut se montrer de plus en plus prudent à l’égard du secteur des tours de télécommunications aux Etats-Unis (et plus généralement à l’égard de l’immobilier à fort effet de levier).

Les exploitants de tours de télécommunications américains ont bénéficié d’indexations de prix fixes de 3 % par an et d’une baisse des charges d’intérêt, ce qui s’est traduit par une croissance attrayante de leurs flux de trésorerie disponible (FCF).

Bien que la tarification à taux fixe semble désormais moins favorable, elle peut encore générer une croissance positive des flux d’exploitation compte tenu de l’inflation limitée des coûts. Toutefois, le niveau d’endettement élevé du secteur et la progression des rendements obligataires des entreprises de quelques centaines de points de base constituent un obstacle récurrent, ce qui rend les objectifs de croissance des dividendes difficiles à atteindre.

Les opérateurs à bas coûts dans les secteurs de l’énergie et de l’exploitation minière, en revanche, semblent relativement séduisants. D’une manière générale, les prix des matières premières ont suivi le rythme de l’inflation, tandis que des actifs de première qualité et une bonne maîtrise des coûts leur ont permis d’atteindre des prix d’équilibre peu élevés.

La discipline en matière de capital et le niveau d’endettement inscrit aux bilans se sont améliorés au cours de la dernière décennie et de nombreux acteurs sont bien positionnés pour réaliser leur transition vers une économie plus verte. De tels modèles économiques semblent plus viables aujourd’hui qu’à l’époque où l’inflation était atone et les modèles d’abonnement à prix fixe incontournables.

Dans le cadre d’une stratégie d’investissement axée sur le revenu, il est indispensable de veiller à la pérennité des dividendes.

Le retour de l’inflation n’a fait que conforter le choix de privilégier les sociétés qui affichent une croissance durable et offrent des revenus pérennes, ca il s’agit de la meilleure façon de générer un rendement total tout au long du cycle.

Toutefois, force est d’admettre que les entreprises en mesure d’augmenter leurs dividendes chaque année, ne seront plus les mêmes. Au cours de la dernière décennie, les exploitants de tours de télécommunications américains faisaient figure de candidats idéaux en matière d’actions à dividendes, mais cela semble ne plus être le cas aujourd’hui.

Dividendes : revue 2022
L’année 2022 a été un bon millésime pour les dividendes, qui ont augmenté d’un peu plus de 7 % en moyenne au niveau mondial, au cours d’une période durant laquelle la guerre en Ukraine et la politique « zéro Covid » de la Chine ont pesé sur la croissance du PIB mondial.

Les secteurs défensifs de croissance tels que la consommation de base, les services aux collectivités et la santé ont enregistré une augmentation de leurs dividendes de l’ordre de 5 %, les entreprises de ces secteurs étant généralement en mesure de répercuter l’inflation grâce à une combinaison de marges élevées, de pouvoir de fixation des prix et de mécanismes de répercussion.

Dans le même temps, certains des secteurs les plus cycliques, tels que la consommation discrétionnaire et l’industrie, ont connu une croissance des dividendes à deux chiffres, les entreprises étant aidées par la conjonction d’une reprise des marchés finaux, de prix de l’énergie favorables et de niveaux de dividendes post-pandémiques encore déprimés.

À l’autre bout du spectre, le secteur des matériaux a connu des difficultés, les prix des matières premières ayant un impact sur les marges de nombreuses entreprises, et le secteur des communications a vu AT&T réduire son dividende à la suite de la scission de Warner Media.

Quelles prévisions pour 2023 ?
Les perspectives de dividendes sont positives en 2023.

Les prévisions s’établissent à 4 % en moyenne au niveau mondial, ce qui constitue un taux de croissance sain, bien que plus modéré que celui que nous avons connu de par le passé.

Les dividendes des secteurs de l’énergie et des matériaux sont malmenés par les fluctuations des prix des matières premières, compte tenu des politiques de ratio de distribution des dividendes de nombreuses entreprises.

Les secteurs de la finance et de la consommation discrétionnaire affichent une croissance séduisante, induite en grande partie par un mouvement de rattrapage des versements de dividendes par rapport à la période de la pandémie, que ce soit en raison de marchés finaux déprimés ou d’une certaine retenue dans le retour du capital aux actionnaires.

Une fois de plus, les secteurs de croissance défensifs devraient générer une croissance des dividendes de l’ordre de 5 %.

Précision : Les informations contenues dans cet article n’engagent que le rédacteur et ne sauraient se substituer à un conseil financier spécifique. Elles ne sont valables qu’à la date de leur rédaction uniquement.

Jeremy ESSERYK
Conseiller en Investissements Financiers
Courtier en assurances et en prêts bancaires en Europe
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