La crise politique que traverse la France depuis le 9 juin, jour de la dissolution de l’Assemblée nationale par le Président Emmanuel Macron, s’aggrave de jour en jour.
Le pays risque de devenir ingouvernable, ce qui pourrait mener soit à l’immobilisme, soit à des troubles sociaux majeurs. Ce blocage politique aurait évidemment des répercussions sérieuses sur l’économie française, l’investissement des entreprises, la consommation des ménages et, bien sûr, l’épargne.La France se trouve aujourd’hui dans une situation précaire et pourrait bien connaître un destin semblable à celui de la Grèce entre 2010 et 2015.
Pour rappel, durant cette période, le PIB grec réel (corrigé de l’inflation) a chuté de 30,4%.
À titre de comparaison, au cours du premier trimestre 2024, ce même PIB reste encore 22% en dessous de son niveau de 2008.
Le manque de réformes et l’aggravation de la dette publique
Certains jugeront cette comparaison excessive, mais c’est précisément là que le bât blesse.
En croyant être à l’abri, la France a échoué à réformer son économie et à prendre les mesures nécessaires pour la moderniser. Au lieu de cela, les dirigeants ont opté pour une augmentation des dépenses publiques, des impôts, et surtout de la dette publique, qui a atteint des sommets historiques, dépassant les 3,100 milliards d’euros à la fin 2024 et probablement les 3,150 milliards au premier trimestre 2025.
La charge de la dette : un fardeau de plus en plus lourd
De 2017 à 2021, cette spirale de dépenses et d’endettement a été masquée par la politique monétaire expansive de la BCE, qui a massivement acheté des dettes publiques, maintenant artificiellement bas les taux d’intérêt des obligations d’État. Toutefois, cette injection de liquidités a peu profité à l’économie réelle et a surtout contribué à l’inflation.
Depuis 2022, la situation a changé, et la France doit désormais faire face au coût de cette politique.
Avant même la crise politique actuelle, l’envolée des taux d’intérêt a déjà lourdement affecté l’économie, augmentant considérablement la charge d’intérêt de la dette, qui pourrait dépasser les 75 milliards d’euros par an.
Les marchés risquent de sanctionner la France en cas de crise politique profonde
Il est vrai que la France, en raison de la taille de son économie et de ses actifs, est mieux équipée que la Grèce. Cependant, plus de 52 % de la dette publique française est détenue par des investisseurs étrangers.
En cas de grave crise politique, ces investisseurs pourraient fuir, ce qui entraînerait une hausse des taux d’intérêt des obligations d’État. Cela se répercuterait sur les crédits des ménages et des entreprises, provoquant une récession et une forte montée du chômage.
La situation financière de l’État : une réalité alarmante
La situation des finances publiques françaises est particulièrement préoccupante.
Pour mieux comprendre, il suffit de regarder l’actif net de l’État, c’est-à-dire la différence entre ses actifs et sa dette.
Le verdict est sans appel : la dette publique, en tenant compte des engagements financiers futurs non comptabilisés (comme les pensions des fonctionnaires), atteint environ 6,500 milliards d’euros. Les actifs des administrations publiques sont d’environ 4,500 milliards d’euros.
En d’autres termes, même en vendant tous leurs biens, les administrations publiques ne parviendraient pas à rembourser leur endettement.
Le risque d’une nouvelle hausse des impôts et ses conséquences sur la croissance
La France reste encore capable de lever des fonds grâce à ses importantes recettes fiscales, en grande partie issues de ses entreprises et de la richesse patrimoniale des Français.
Ces deux sources de revenus permettent à l’État de continuer à se financer, du moins jusqu’à épuisement de ces ressources. Si les dirigeants choisissent de relever les impôts et taxes, cette situation pourrait se détériorer rapidement.
À chaque crise, de nouveaux impôts sont créés, souvent présentés comme temporaires, mais qui deviennent rapidement permanents, et la pression fiscale ne cesse d’augmenter.
Cet enchaînement de causes et de conséquences n’a rien de politique, c’est une simple question de bon sens économique.
Il est donc inquiétant de voir certains économistes défendre de nouvelles hausses d’impôts, sans tenir compte des réalités économiques.
En effet, cette approche met en lumière la dégradation de la situation financière de l’État, qui perd de plus en plus en crédibilité. Si cette tendance se poursuit, les taux d’intérêt de la dette française flamberont, ce qui entraînera une baisse de l’investissement, une nouvelle récession et une explosion du chômage.
À terme, la faillite de l’État pourrait se transformer en une crise systémique, non seulement pour la France, mais aussi pour l’ensemble de la zone euro, plongeant l’Europe dans une crise économique et sociale d’une ampleur inédite.