Les ETF et actions américaines en chute : faut-il vendre ou investir ?

ETF

Les marchés financiers américains (ETF, actions) connaissent un début d’année difficile. Depuis janvier, les indices phares de Wall Street affichent des performances en berne : le S&P 500 recule de 2,44 %, tandis que le Nasdaq cède 2,40 %. Seul le Dow Jones, qui regroupe les 30 plus grandes capitalisations boursières des États-Unis, parvient à se maintenir à flot avec une légère hausse de 0,29 %.

Pour les investisseurs français, très exposés aux actifs américains, cette correction a de quoi inquiéter.

D’après les données révélées le 3 mars par la plateforme d’épargne Trade Republic, qui compte un million de clients en France, les ETF et actions américaines figurent en tête des placements préférés des investisseurs particuliers. Parmi les ETF les plus populaires, le S&P 500 en dollars domine, suivi par plusieurs indices spécialisés comme le S&P 500 orienté vers les technologies de l’information, ainsi que des ETF répliquant la performance des plus grandes entreprises mondiales, majoritairement américaines.

Côté actions, seules les françaises TotalEnergies et LVMH parviennent à rivaliser avec les poids lourds américains, à l’image de Nvidia, Apple et Amazon.

Une correction après deux années exceptionnelles

Cette baisse soudaine intervient après deux années de performances spectaculaires pour les indices américains. En 2023, le Nasdaq avait progressé de 44 %, suivi d’une nouvelle hausse de 25 % en 2024. De telles valorisations ne pouvaient se maintenir indéfiniment, estime Antoine Andreani, responsable de la recherche chez XTB France : « Il était logique qu’une correction intervienne, les indices avaient besoin d’une pause ».

La première alerte est venue de Chine, avec l’entrée en scène de l’intelligence artificielle chinoise DeepSeek. Ce nouvel acteur a fragilisé les valeurs technologiques américaines, moteur principal de la hausse des indices ces dernières années. « Les valeurs de l’IA représentaient à elles seules un tiers de la performance des indices américains. Lorsqu’elles chutent, c’est tout le marché qui est affecté », explique Alexandre Hezez, stratégiste du Groupe Richelieu.

Autre facteur de déstabilisation : l’incertitude politique liée à un potentiel retour de Donald Trump à la Maison Blanche. « Les marchés s’inquiètent des effets de sa politique sur l’inflation, l’emploi et la consommation. Les droits de douane qu’il envisage pourraient peser lourdement sur la croissance américaine », souligne Claudia Panseri, directrice des investissements chez UBS France.

Plutôt une opportunité qu’un danger

Face à ces turbulences, certains investisseurs pourraient être tentés de liquider leurs positions. Pourtant, selon les experts, la situation est loin d’être alarmante. Au contraire, cette correction de marché constitue une opportunité d’investissement. « Le scénario d’investissement sera plus complexe qu’en 2024, mais chaque correction du marché américain est une occasion d’y entrer. Sur le long terme, la performance annuelle moyenne du S&P 500 reste de l’ordre de 10 % », rappelle Claudia Panseri.

En effet, malgré des crises majeures comme celle des subprimes en 2008 ou la pandémie de Covid-19, les données historiques montrent que les indices américains ont toujours su rebondir. Selon Bloomberg, le S&P 500 a enregistré un rendement moyen annuel de 9,88 % au cours des 20 dernières années.

De plus, investir lorsque les cours sont en baisse maximise les chances de réaliser une plus-value lorsque les marchés repartent à la hausse. Alexandre Hezez estime ainsi qu’un rebond pourrait intervenir dès la seconde moitié de l’année : « Les réformes fiscales de Trump pourraient stimuler la consommation, et la première baisse des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine (Fed) attendue en juillet devrait également donner un nouvel élan aux marchés actions ».

L’IA chinoise, une menace ou un catalyseur pour la tech américaine ?

Ironiquement, l’arrivée de DeepSeek, qui a provoqué la chute actuelle, pourrait finalement bénéficier aux entreprises technologiques américaines. « Certes, ce nouvel acteur pose la question de la rentabilité des entreprises du Nasdaq, mais il va aussi accélérer l’adoption de l’IA en rendant ces technologies plus accessibles et abordables. Nous nous attendons à ce que le taux d’adoption de l’IA aux États-Unis passe de 6 % à 10 % d’ici la fin de l’année », selon plusieurs analystes.

Ainsi, loin de signaler une déroute irréversible, cette correction pourrait marquer un tournant vers une phase de consolidation du marché, préparant le terrain pour une nouvelle phase de croissance. Pour les investisseurs, la patience pourrait s’avérer payante.

Précision : Les informations contenues dans cet article n’engagent que le rédacteur et ne sauraient se substituer à un conseil financier spécifique. Elles ne sont valables qu’à la date de leur rédaction uniquement.

Jeremy ESSERYK
Conseiller en Investissements Financiers
Courtier en assurances et en prêts bancaires en Europe
office@kne-ltd.com

Marchand de biens