Le prix du pétrole a enregistré une chute significative suite à la déclaration de Donald Trump, qui a proclamé, lors de la cérémonie de son investiture le 20 janvier, un « état d’urgence énergétique » sur le territoire américain. Selon les déclarations du président américain, cette initiative vise à stimuler la production d’hydrocarbures aux États-Unis, avec pour objectif de réduire les coûts énergétiques et de lutter contre l’inflation qui affecte les consommateurs et l’économie du pays.
Cependant, paradoxalement, dès le lendemain de cette annonce, les marchés ont réagi de manière négative, enregistrant une baisse des prix du pétrole. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mars, a diminué de 1,07 %, atteignant ainsi 79,29 dollars, tandis que l’équivalent américain, le West Texas Intermediate, pour livraison en février – dont c’était le dernier jour de cotation – a chuté de 2,56 %, s’établissant à 75,89 dollars.
Le président Trump a clairement exprimé sa volonté d’augmenter la production de pétrole et de gaz aux États-Unis, non seulement pour « remplir les réserves stratégiques », mais également dans le but de faire du pays « le principal exportateur d’énergie du monde ». Il a d’ailleurs réitéré son engagement à forer de manière intensive, reprenant ainsi son célèbre slogan de campagne : « We will drill, baby, drill », une formule devenue un symbole de sa politique énergétique.
Cette stratégie repose sur l’idée selon laquelle la stimulation de la production nationale d’hydrocarbures permettrait de réduire les coûts de l’énergie, ce qui, selon le président, renforcerait le pouvoir d’achat des citoyens américains tout en consolidant la position économique du pays.
En conséquence, certains analystes attribuent la baisse des prix du pétrole à la perspective d’une augmentation de l’offre américaine, jugée susceptible d’équilibrer l’offre mondiale et de peser sur les cours.
La production de pétrole des États-Unis a, de fait, atteint des niveaux record en 2024, dépassant régulièrement les 13 millions de barils par jour.
Cette performance marque une hausse constante de la production depuis plusieurs années, propulsant les États-Unis au rang de premier producteur mondial de pétrole brut. Dans ce contexte, la justification d’un « état d’urgence énergétique » apparaît d’autant plus problématique, d’autant que la production américaine en 2024 a atteint 13,2 millions de barils par jour, un chiffre supérieur à celui de tout autre pays producteur de pétrole.
Malgré cette situation de surproduction, les prix du pétrole pourraient néanmoins être freinés par les perspectives de nouvelles sanctions internationales, notamment contre la Russie et l’Iran, deux acteurs majeurs du marché mondial de l’énergie.
L’éventualité de sanctions supplémentaires à leur encontre reste un facteur clé susceptible d’influencer l’offre de pétrole et, par extension, les prix mondiaux.
Les opérateurs de marché se montrent particulièrement attentifs aux actions que pourrait adopter Donald Trump concernant les sanctions imposées à la Russie par l’administration Biden. En effet, le 10 janvier, Washington et Londres ont annoncé de nouvelles restrictions à l’égard de Moscou, provoquant une hausse significative des prix du pétrole.
Cependant, cette montée des prix pourrait inciter le président américain à faire preuve de prudence dans la mise en œuvre de nouvelles mesures punitives. Dans le cadre de son programme économique, le maintien de prix de l’énergie bas constitue en effet un enjeu stratégique primordial, en particulier à une époque où les consommateurs américains souffrent de l’inflation.
Ainsi, bien que l’objectif de Trump soit de favoriser la production intérieure d’hydrocarbures, il devra naviguer avec soin entre les contraintes géopolitiques et les considérations économiques internes.
D’une part, il lui faudra prendre en compte les implications des sanctions internationales, tout en veillant à ne pas perturber une dynamique de prix de l’énergie qui lui est favorable. D’autre part, il devra composer avec les exigences de son programme économique, qui repose en grande partie sur des prix énergétiques modérés, susceptibles de soutenir la croissance économique et de renforcer le pouvoir d’achat des Américains.
En somme, la politique énergétique de Donald Trump, si elle peut apparaître comme une solution pour renforcer l’autosuffisance énergétique des États-Unis, s’inscrit néanmoins dans un cadre géopolitique complexe, où les sanctions et les dynamiques mondiales du pétrole jouent un rôle crucial.
L’équilibre entre la stimulation de la production nationale et la gestion des tensions internationales sera sans doute l’un des défis majeurs de son administration en matière énergétique.